Lutter, j’en suis fatiguée
Vivre comme une fillette ayant vu neuf récoltes de cacao, je n’en ai pas le droit
J’entends le doux cliquetis des larmes du ciel, sur la toiture en tôle de notre masure
Priant le doux Jésus de rebrousser chemin
Il a oublié un colis, moi.
Un bruit dans le silence affligeant de la nuit,
Mes peurs se réveillent
Le loup reviendra-t-il encore cette nuit ?
Les larmes, reflet de mon désespoir,
Seules richesses, seules parent mon visage
Les fenêtres de mon âme se ferment
Me ramenant à ce funeste jour
Celui où devant une assemblée de tatas et tontons,
Je passai avec brio le casting d’Amadou Koumba.
Mounia, tu t’es jetée dans les bras du grand loup
Mounia, du haut de tes neuf récoltes de riz, tu l’y as forcé
Mon esprit furète dans le cimetière des bienheureux
Revivant le jour où le méchant loup
Par devers moi, prit ce que j’avais de plus cher
Cette nuit où, sous la chorale des hiboux
Ma fleur de lys me fut brutalement arrachée

Lassée, fatiguée, j’attends que la meute vienne se repaître
Bien-être de la famille, entendis-je
Avec mes neuf récoltes de riz,
Je suis devenue un secret de commère
Mon Doux Jésus, papa, maman, où êtes-vous ?
Je veux mourir
Il est là,
Mes haillons enlevés,
Son harpon dans ma chair
Le sel des larmes dans ma bouche
Un de ses fruits avec lui
Prenez-moi, Doux Jésus,
Reprenez le précieux cadeau de la vie
Cet amas de chair et d’os ne m’appartient déjà plus
Le loup, moitié de ma tante et leur fruit
N’ont pas réussi à prendre mon esprit
Je veux mourir.
Dans les livres,
Je ne pourrai plus voyager
Sous d’autres cieux,
Plus et point de refuge
Reprenez le précieux cadeau de la vie
Mon Doux Jésus.