
Bonjour Bien-aimés,
J’espère que vous allez bien. J’espère que votre semaine a été bonne.
En relisant mes précédents, en repensant aux livres publiés, en relisant les échanges avec mes lectrices et lecteurs dans les réseaux sociaux, en relisant les échanges avec les personnes suivies spirituellement par ma petite personne, je me rends compte de l’image renvoyée et celle que je continue à renvoyer.
J’espère, dans les lignes qui vont suivre, trouver les mots justes voire adéquats afin de trouver le chemin menant au cœur d’au moins une personne. J’espère surtout ne pas me perdre car oui, peu imaginent ce par quoi nous passons.
En échangeant avec d’autres personnes, des femmes en majorité, ayant un parcours spirituel atypique, ressemblant ou non au mien, nous faisons face au même problème, celui de la mémoire. En effet, nous avons tous un souci avec notre mémoire : elle a été effacée.
Depuis quelques jours, en repensant à mes habitudes avant les assauts de ceux que certains appellent pompeusement, les protecteurs, ceux censés nous protéger de l’adversité, nos bourreaux, j’avais mes habitudes.
Il était impossible, pour moi, d’étudier les matières scientifiques, sans musique en fond sonore. Il m’arrivait parfois de travailler la philosophie avec un casque. J’éprouvais ce réel besoin d’avoir du bruit autour de moi, du moins dans ma tête afin de m’isoler, rassembler mes pensées, les ordonner et cogiter tout en gardant un œil sur mon environnement.
Avec le recul, je me rends compte que seul l’intrusion d’un élément nouveau dans mon environnement, s’accompagnant de mouvement d’air, changement de température et d’odeur ou de sensations sur ma peau, m’obligeaient à lever la tête, et chercher la cause de ce « remue-ménage ».
En grandissant, j’avais pour habitude de dévorer des documentaires sur la génétique, l’origine, les controverses autour des religions me passionnaient. J’achetais, prêtais des livres et dévorais. J’éprouvais le réel besoin de me documenter, de me cultiver, négligeant/oubliant de sociabiliser.
Après l’assaut, nombreux ont constaté la baisse de mon niveau de langue, mes difficultés à m’exprimer. Ma voix était incertaine et inaudible. Mes mots étaient incertains. J’avais du mal à prendre la parole en public, garder un discours cohérant et me faire comprendre ; ce qui créait des frustrations et de la colère en moi. Mes proches ont essayé, comme ils le pouvaient de me réconforter car le handicap que je trainais, depuis toujours, s’est accru.
Le pic a été atteint lorsqu’en pleine réunion, alors que j’occupais un poste de responsable, j’ai eu un blanc. Je me suis arrêtée au milieu d’une phrase, ne sachant plus ce qu’il fallait dire ou faire ; pourtant je m’étais préparée durant des semaines. Il a fallu se rendre à l’évidence, mon cerveau était complètement vide. Mon esprit a pris le control sur mon corps. J’ai entendu ma voix, je me suis sentie bouger, rire, répondre, sachant que ce n’était pas moi mais mon esprit. J’ai pu assurer, jusqu’au bout et suis rentrée à ma place. Quelques jours plus tard, j’ai pris un congé avec pour motif, fatigue générale.
Durant ce repos forcé, il a fallu faire face à la vérité, aussi laide et dure soit-elle : j’avais perdu mes réflexes, le savoir et la connaissance engrangés durant des années. Le plaisir éprouvé en écrivant des scénarii, celui éprouvé en écrivant des articles en tant que pigiste ou celui à écrire, n’étaient plus qu’un lointain souvenir. Je me souviens, ce jour, avoir pleuré me demandant à quoi je servais à l’humanité. Je n’étais plus que l’ombre de moi-même, une loque humaine. Parler et écrire, désormais, s’avéraient être des exercices de haute-voltige.
Aujourd’hui, j’ai décidé d’en parler, j’ai décidé d’évoquer ce sujet tabou afin de rassurer une personne vivant cette situation, en silence. Certaines personnes ayant été durement attaquées et touchées par des puissances, des dominations, des entités font face à cette situation.
Parmi elles, les plus faibles ou celles n’ayant pas eu le courage de s’exprimer, de raconter leurs déboires, passent par une phase de déprime et si elle est persistante, finissent par s’ôter la vie. Celles qui s’en sortent doivent leur rétablissement passent soit par une épiphanie s’accompagnant d’un amour agapé, soit par un dérivatif ouvrant des portes au diable et finissent tôt ou tard à en sortir et revenir sur le doit chemin.
Toujours est-il que l’on n’en revient jamais indemne. La douleur au paroxysme de la bataille, celle ressentie en recevant les coups de semonce, les salves d’attaques et après les batailles, nous laissent « exsangue » dans tous les sens du terme.
Comment vivre, survivre sans sa mémoire ? C’est le défi auquel font face, nombreux parmi nous. Comment vivre sans sa mémoire, garder estime de soi, respect de soi, vivre avec le mépris des uns et des autres, le déni de soi ? Comment accepter quitter le haut, se retrouver au creux de la vague, accepter et reprendre tout à zéro ?
Mes proches avaient remarqué que j’avais cette habitude nouvelle, écrire sur tout ce qu’il y avait sous ma main. J’écrivais des notes surtout et rien, avec pour hantise, d’oublier, de ne pas me souvenir des idées. Je me souviens avoir oublié d’assister à une activité à l’école de mes jujus, je me souviens des déception et tristesse dans leur regard et peine. Doux et calmes, ils ont fini par me réconforter mais impossible de me pardonner. C’est ce jour-là, que j’ai commencé à noter, noter tout et rien. Comment vivre dans cet état, sachant qu’avant nous étions des flèches, des multitâches ?
Durant des jours, des semaines, des mois, des questions ont taraudé mon esprit : pourquoi a-t-on effacé ma mémoire ? Pourquoi et comment pouvait-on éprouver le réel besoin d’effacer la mémoire d’une personne ne présentant pas de danger ?
Au cours de la journée, je reviendrais avec des ébauches…