L’insouciance, la folie, le feu, roman de 160 pages et 11 chapitres, expose les laideurs d’une société machiste et permissive, en proie à de profondes mutations.
La pérennisation du folklore africain, et us et coutumes y afférents, ont permis de relever des points importants sur le fond et la forme.
La visite de la couverture, première étape de ce périple littéraire, a permis de noter le choix des couleurs de l’auteure, jaune-orangé et noire, laissant présager une aventure explosive et pleine de rebondissements.
Une feu sur fond sombre, faisant office d’allégorie, est indicateur de la réelle motivation de l’auteure à tout balayer sur son passage, casser et outre-passer les codes afin de faire éclater la vérité, illusion de l’esprit, sa vérité.
Le choix du frontispice, L’INSOUCIANCE, LA FOLIE, LE FEU, en adéquation avec le sous-titre, « ROMAN POUR ADULTES », est indicatif de la levée des tabous et puissance des mots.
L’analyse de la forme, premier arrêt de l’étape suivante a permis de noter des imperfections à l’instar de quelques fautes d’orthographe, grammaire, conjugaison et absence de tirets dans des dialogues.
L’aération du texte, justesse des mots, ponctuation régulière, niveau de langue courant, présence des indicateurs temporels, construction et formulation des phrases, et utilisation des figures de style telle la personnification des sentiments, participent à une meilleure compréhension du texte et une fluidité de la lecture.
Concernant le fond, le tapuscrit est divisé en quatre (4) parties : insouciance, fatalité, prise de conscience et réalisation. Trois des nombreux symboles dont regorge le texte, y apportent de la profondeur.
- Paulin
Il est la symbolisation du prédateur, pervers, bourreau et d’une « justice » défaillante. Il confirme l’importance de l’opinion publique et la puissance qu’elle peut conférer à celui qui sait la manipuler, et personnifie la déchéance des valeurs d’antan.
- Gilda
Elle incarne la dépravation des mœurs, l’amour, la passion, la luxure, trahison, insouciance et le goût immodéré de l’interdit. Elle est le fidèle miroir de l’homme et des avantages conférés par la tradition et les religions, dans une société africaine, permissive, machiste et hypocrite ; pale reflet de la femme hybride, résultat d’une mauvaise adaptation des vérités empiriques et courants de pensée de l’Occident.
- Marguerite
Elle symbolise l’honneur et les parangons de la vertu, garde-fous de la morale incapables de faire face à leurs travers. Elle est cette société qui se plait à brimer ses enfants, les ostracise et flagelle, occultant ses vices et responsabilités.
Les points faibles de cette œuvre, matérialisés par quelques fautes, d’orthographe, grammaire et conjugaison, pourraient lasser un lecteur extrêmement exigeant.
La capacité à transmettre l’émotion et donc véhiculer le message par le biais des éléments tels la maitrise de la description, l’usage des figures de style (personnification des sentiments), l’exploration de la psyché de différents personnages et la pluralité des thèmes abordés, points forts de cette œuvre, l’ont sublimée.

Après analyse du fond et la forme du texte, révéler ses opportunités devient une évidence.
- Académique
L’INSOUCIANCE, LA FOLIE, LE FEU, pourrait faire partie des manuels scolaires, au même rang que les classiques africains tel Sous la cendre le feu d’Evelyne Mpoudi Ngolle. Elle participe à la sensibilisation d’une jeunesse en quête de repères, dans une société en proie à l’inversion des valeurs.
- Sociale
Lue par une grande partie de la société, elle pourrait provoquer un débat social autour des sujets tels, l’impact du féminisme dans la société, les rôles de l’homme et de la femme dans la société moderne, la corruption des valeurs et leurs impacts sur la méritocratie et l’ascension sociale.
- Juridique
Le « viol par obligation » de Gilda, confère une ambigüité au personnage de Paulin. L’intention, tout comme les circonstances et faits, permettant de caractériser les crimes, infractions ou délits, pourrait, le cas échant, participer à la création d’une jurisprudence.
- La portée philosophique
A l’instar de ses pairs, Lilly Rose AGNOURET, auteure de cet ouvrage, en phase avec son ère, affirme sa réelle volonté à faire passer la littérature gabonaise, longtemps cataloguée de littérature du silence, au rang de littérature engagée.
Au terme de notre analyse, force est de constater que contrairement à la majorité des auteurs, Lilly Rose AGNOURET a compris que l’écrivain, leader d’opinion, en plus de sensibiliser et distraire, devrait participer à la refonte des bases de la société par le biais de reformes philosophiques.
Logiquement, adjoindre des éléments juridiques afin de plancher sur la collusion, ce lien inexprimable entre morale, éthique et loi, aurait apporté une autre dimension à ce texte.
Malgré les imperfections relatives à son texte, comme toute œuvre humaine, Lilly Rose AGNOURET, reste une auteure à la plume prometteuse.
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