LA MELODIE DU REGRET…Partie 4

Partie 4


DEUX ANNÉES PLUS TARD…

– Monsieur MINYEM TOBBIE, voulez-vous prendre pour épouse, Mademoiselle Abanda Edalie ?

– Oui !

– On a rien entendu !

– Ouiiiiiiiiiiii !

– Owouooooooooooooo.

– Mademoiselle Abanda Edalie, voulez-vous prendre pour époux monsieur MINYEM TOBBIE ?

– Ouiiiiiiiiii !

– Owouoooooooooooooo.

– Dans ce cas, je vous déclare mari et femme, vous pouvez vous embrasser.

Nous nous laissons aller à un baiser long et langoureux.

– Laissez-en aussi pour demain, naya akieeeeeuuuu.

Toute la salle explose de rire, puis le maire se tourne vers nos invités.

– Je vous présente monsieur et madame MINYEM TOBBIE.

– Owouoooooooooooooooooooo.

– On a pris ! On a pris !

Au moment où je me tourne, je croise son regard, il semble hypnotisé, il secoue la tête et sort ; un pincement se signifie dans mon cœur, mais je suis heureuse. Cela fait dix ans, jour pour jour, que j’ai rencontré Esdras et ironie du sort, je suis au Cameroun pour me marier avec TOBBIE MINYEM.

Trois mois après ma séparation d’avec Esdras, j’étais en train de faire les courses dans un supermarché, je n’étais ni maquillée, ni coiffée, je sortais d’un rayon avec mon immense cadi lorsque je suis rentrée dans celui de TOBBIE, le choc fut violent. Pour m’excuser, je l’invitai à prendre un verre et offris de payer le pressing car des fraises s’étaient écrasées sur sa chemise blanche, de là nous ne nous sommes plus jamais quittés.

Tout est allé si vite et naturellement ; il m’a demandée en mariage au bout de six mois, mais j’ai refusé. Il a refait sa demande trois mois plus tard… J’ai dit oui, et demandé que nous y allions doucement ; j’avais encore besoin de temps pour panser les blessures de mon cœur. Il l’a naturellement accepté, sans se faire prier, et nous en sommes à nous marier.
Comme quoi, lorsqu’un homme aime une femme, il ne lui perd pas de temps et le processus est naturel, aucun accroc insurmontable. J’ai tout essuyé de la part d’Esdras et sa famille après être partie, ce fut pire lorsqu’ils apprirent que je m’étais mis en couple avec le fils de l’ambassadeur du Cameroun aux États-Unis, celui-ci travaillant dans une firme internationale dont je tairais ici le nom : lettres, menaces, supplications… TOUT.

Esdras demanda à rencontrer TOBBIE, ils eurent une discussion au cours de laquelle TOBBIE lui avait recommandé de ne plus m’approcher. J’ai appris de cette histoire que le Seigneur nous envoie souvent des signes, mais nous refusons de comprendre ; nous devenons 
butés et en payons toujours le prix.

Voilà, c’était moi, Edalie MINYEM née Abanda.

Crédit photo : centresantecoaching.com

…ESDRAS…

En l’entendant dire oui, puis l’embrasser ce matin, j’ai senti mon cœur se briser en mille morceaux, j’avais du mal à respirer. Asthmatique, j’avais peur de faire une crise, je décidai de sortir et c’est à cet instant qu’elle se retourna et me vit. Le temps s’est arrêté dans un bruissement d’ailes, je n’avais qu’une envie, courir vers elle et lui demander de me pardonner, lui dire que je l’aime plus que tout au monde et l’ai toujours aimée ; mais un autre avait vu le diamant brut, ce magnifique joyau qu’elle était, et en avait serti son cœur.

Je l’aime, cette femme, je suis follement amoureux d’elle, mais elle ne sera plus jamais mienne. J’ai détesté ce TOBBIE mais avec le recul, je me dis que c’est injuste. C’est de ma faute, je n’ai pas su être ferme avec les miens et le regrette aujourd’hui. Dans la vie, il est difficile de croiser une personne qui nous aime, comme on l’aime ; lorsqu’on a cette chance, il faut la saisir, sinon l’on s’accommode juste du partenaire suivant, l’on aime qu’une fois dans la vie.

– C’est comment, es-tu déjà réveillé ?

– Oui et merci pour le soutien, Bart.

– Ça va mieux ?

– Oui.

– Que feras-tu de ta famille ?

DING….DONG…DING…DONG…

– Demande au gardien de la laisser entrer, je suis sûr et certain que c’est elle.

– Ok.

– Merci.

Il se lève, décroche l’interphone et donne des instructions au gardien qui ouvre le portail. J’entends le vrombissement de la voiture de ma mère se faire insistant, puis s’arrêter devant la maison.

TOC… TOC… TOC…

– Entrez !

Elle entre comme toujours, tirée à quatre épingles dans un tailleur vert-olive et des talon-aiguilles de douze centimètres, coiffée à la Jackie Onassis. Je regarde cette sexagénaire replète d’1m65, claire de peau, un visage rond, le menton fuyant, les yeux de lynx et une bouche épaisse. Je regarde ma mère, cette femme que j’ai tant aimée et admirée, cette femme qui m’a appris à regarder les frusques avant de regarder le cœur. Aujourd’hui, je vois en elle, un frein à mon épanouissement.

– Bonjour Esdras…

– Bonjour maman…

– Je vais vous laisser.

– Ok et merci pour tout, Brother.

– Au revoir maman et bonne journée, à vous.

– Ok.

Il sort et quelques secondes plus tard, elle se lève et ferme la porte ; un silence s’installe entre nous, telle une chape de plomb durant quelques minutes.

– Je sais… dit-elle tout simplement.

– …

– Je comprends, mon fils.

– ….

– Je suis désolée.

– …

– Je sais que tu as fini par comprendre que c’est moi qui ai émis l’idée du contrat de mariage et du régime polygamique à ton père.

– …

– Je souhaitais juste protéger tes intérêts, je la croyais comme toutes les autres, une coureuse de dot.

– Maman !

– Cela fait presque deux ans années que tu m’évites, nous n’allons pas nous séparer à cause d’une femme. Esdras, je suis ta mère.

– As-tu essayé une fois de la connaitre ? T’en es-tu donné la peine ?

– Mais…

– Mais quoi ? Mais quoi, bon sang !

– Tu t’adresses à moi de cette façon à cause de cette greluche ?

– Cette greluche, je l’aime, je l’aime, maman !

– Elle s’est mariée à un autre, tourne la page.

– Mariée à un autre à cause de toi.

– Ha ha ha ah si tu l’aimais vraiment, si tu avais suffisamment eu confiance en elle, tu ne lui aurais pas demandé de signer ce contrat de mariage. Tu n’as tout simplement pas assumé tes idées et reconnais que l’attitude de son crétin de père t’arrangeait aussi.

Je n’ai fait que dire tout haut, ce que certains pensaient tout bas. Aurais-tu la mémoire courte ? C’est toi qui as mandaté l’avocat et as eu l’idée de la mettre au pied du mur. Tu étais certain qu’elle signerait les papiers car elle t’aimait trop, c’est toi et non moi. Je ne suis en rien responsable de l’échec de ta vie amoureuse.

– Je regrette de vous avoir écoutés, je regrette. Nous habitions tous les deux, mais elle exigeait et tenait à participer aux charges du foyer, elle participait à tout et ne voulait pas se faire entretenir. Lorsque son père a demandé cette enveloppe et fait grimper la dot, elle a tout de suite offert de payer une partie en derniers recours parce qu’elle ne tenait pas à ce que vous lui colliez une étiquette.

Je regrette de l’avoir laissée partir, j’étais habitué à jouer avec les femmes et les voir me courir après, je n’ai pas su voir qui elle était vraiment, le bijou qu’elle était. Ton avis a toujours compté dans le choix de mes copines, mais cette fois, c’est terminé. J’aurais au moins appris qu’un mariage, c’est d’abord l’union de deux personnes avant d’être celle de deux familles.


Tu as rencontré papa, tu en es tombée amoureuse et lui aussi, vous vous aimez d’un amour pur et sincère alors que moi, je ne le connaitrais plus jamais. Que me reste-t-il ? Des regrets, mon cœur chante aujourd’hui la mélodie du regret…


…FIN…

2 réflexions sur “LA MELODIE DU REGRET…Partie 4”

  1. Et voilà tu as perdu et tu vivras à jamais avec cette peine ,cette déception. Davoir écouté tes parents,de n’avoir pas su la protéger,de n’avoir pas su la défendre . Mais maintenant que tu l’aimes que va tu faire de cet amour dévorant, consumant.

  2. Sylla Maciré

    C’est toujours bon d’écouter les conseils des parents mais c’est encore meilleur d’écouter les désirs de son cœur. On reste toujours le seul responsable de son propre bonheur.

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